À première vue, la votation du 15 mai porte sur une augmentation relativement modeste (environ 37 millions de francs) de la contribution suisse à l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, plus communément appelée Frontex. Cette somme est destinée à soutenir les pays qui assurent la sécurité de la frontière extérieure commune de l’Europe et qui accueillent les réfugiés à leur arrivée, par exemple à la frontière avec l’Ukraine en Pologne. Loin d’être modeste, l’enjeu de la votation est de taille : un non à Frontex déclencherait automatiquement le mécanisme de résiliation prévu à l’article 7 de l’accord d’association à Schengen entre la Suisse et l’UE. Pour éviter la résiliation automatique dans un délai de 90 jours, il faudrait que tous les pays européens décident d'accorder à la Suisse un statut spécial, à savoir de puvoir rester au sein de Schengen sans y apporter sa contribution proportionnelle. Un scénario très improbable, sur lequel on ne saurait se reposer de manière sérieuse.
Éviter un îlot en matière de visas et des complications pour les livraisons
Si la Suisse venait à ne plus faire partie de l’espace Schengen, elle se retrouverait dans une situation insulaire en matière de visas. En effet, les touristes venant de pays en dehors de l’Europe auraient besoin d’un visa différent pour entrer en Suisse et visiter notre pays. Des études ont chiffré la perte pour le secteur de l’hébergement et du tourisme à plus d’un demi-milliard de francs par année. À cela s’ajoute le fait que les contrôles systématiques aux frontières devront être réintroduits, la Suisse redevenant une frontière extérieure de l’espace Schengen. Pour les voyageurs, cela signifie beaucoup de bureaucratie entravant la liberté de voyager. Pour les entreprises actives dans le commerce international, cela représente un risque latent de goulots d’étranglement dans les livraisons ou des retards pour les marchandises périssables.
Ne pas compromettre les loisirs et la liberté de voyager
Mi-février encore, les décisions d’assouplissement des mesures sanitaires décidées par le Conseil fédéral nous ont donné l’espoir légitime d’une reprise durable pour l’ensemble du secteur du tourisme et de l’hébergement. L’assouplissement des conditions d’entrée en Suisse signifie notamment le rétablissement d’une liberté complète de voyage : pour nous-mêmes et pour nos hôtes en provenance de pays lointains non européens. C’est précisément cette liberté de voyager et la reprise du secteur du tourisme qui en découle qui seront en jeu le 15 mai avec la votation sur Frontex-Schengen. Un OUI est essentiel.
Claude Meier, directeur d’HotellerieSuisse et candidat PLR au Grand Conseil pour le canton de Berne