- Le Temps: Le PLR va-t-il donner suite à l'invitation d'Urs Schwaller et se positionner clairement au centre?
- Fulvio Pelli: Non. Le PLR n'est pas un parti du centre. Nous sommes à droite du centre et nous nous reposons sur des principes libéraux clairs: la création d'emplois, la lutte contre la bureaucratie, l'assainissement des assurances sociales, le maintien de bonnes relations avec l'Union européenne en poursuivant la voie bilatérale. Nous espérons que nos électeurs reconnaîtront clairement notre profil.
- Pendant ce temps, des alliances se scellent au centre. A Bâle-Campagne, le Parti bourgeois-démocratique et les Verts libéraux constituent un groupe commun qui collaborera étroitement avec le PDC et les Evangéliques, mais pas avec le PLR. N'êtes-vous pas en train de passer à côté de ces alliances?
- Les alliances sont une façon un peu curieuse d'interpréter le sens des partis. Le PDC s'offre aux Verts libéraux et au PBD pour être plus grand que ce qu'il est. C'est un jeu de pouvoir, une offre pot-pourri qui crée la confusion sur les profils réels des partis. Il n'y a pas d'alliance de contenu. Si les démocrates-chrétiens veulent être les paladins du centre, qu'ils le soient. Chacun fait ce qu'il veut. Moi, je ne mange pas de ce pain-là. Et c'est à travers les médias qu'on nous attaque. Christophe Darbellay et Urs Schwaller nous adressent des messages par ce canal-là. Ils se sont toujours dits prêts à discuter avec nous pour travailler ensemble et évaluer nos collaborations. Nous attendons.
- Le PLR n'a-t-il pas été le premier à sceller une alliance de ce genre, en fusionnant le Parti radical et le Parti libéral.
- La situation est différente. Les libéraux romands et les radicaux alémaniques ont toujours eu des visions politiques communes. Ce sont deux entités historiquement parallèles. La fusion est la conséquence logique. En revanche, l'alliance entre le PDC et les Verts libéraux n'a aucune base historique, les seconds étant d'anciens Verts.
- N'êtes-vous pas en train de laisser filer une possible alliance politique avec le PBD, qui risque de se faire cannibaliser par le PDC?
- Le PBD ne se fera pas cannibaliser par le PDC. Celui-ci peut nourrir cet espoir, mais je lui souhaite bonne chance s'il pense parvenir à absorber le PBD. Nous avons nous aussi des contacts avec le PBD, nous sommes proches d'eux, mais il n'est pas question de lancer des opérations de confusion sous la forme d'alliances purement tactiques.
- Le PLR véhicule l'image d'un parti vieux. Or, les électeurs semblent de plus en plus séduits par la nouveauté, qu'il s'agisse des Verts libéraux, du PBD, du MCG à Genève. N'êtes-vous pas en danger?
- La séduction de la nouveauté est une réalité. Mais quel profit le PDC, parti qui perd du terrain comme nous, tire-t-il d'alliances avec des partis plus petits qui gagnent et le laisseront tomber à la première occasion?
- Au bout du compte, il y a la lutte pour le Conseil fédéral. Commencez-vous à craindre de perdre l'un de vos deux sièges au profit de l'UDC à la place de celui d'Eveline Widmer-Schlumpf?
- C'est l'un des buts visés par ce jeu d'alliances. Nous, nous voulons défendre nos valeurs, nos projets et nous voulons un mandat du peuple. C'est ce mandat qui dira si nous avons droit à deux conseillers fédéraux. Pas un jeu tactique mené par d'autres.
- Etes-vous fâché contre Christophe Darbellay et Urs Schwaller?
- Je ne suis pas fâché, mais je ne suis pas intéressé par leur petit jeu, c'est tout. Je n'apprécie pas que le PDC nous attaque en nous reprochant d'abandonner le centre alors que notre place est à droite du centre. Personne n'est obligé de discuter avec nous. Si le PDC ne veut pas le faire, qu'il nous le dise directement. J'ai le téléphone et une secrétaire pour répondre si je ne suis pas là.