Bien sûr, les animaux de rente doivent aussi avoir une bonne vie et ne pas souffrir. Nous sommes tous d’accord sur ce point. Depuis son introduction en 1981, la loi suisse sur la protection des animaux n’a cessé d’évoluer. D’une protection des animaux purement quantitative au départ – c’est-à-dire, par exemple, une surface minimale par vache – elle réglemente aujourd’hui également les aspects qualitatifs du bien-être animal. Nous sommes également le seul pays au monde à limiter le nombre maximum d’animaux par exploitation pour les poules, les porcs et les veaux. Les deux instruments de la politique agricole dans le domaine du bien-être animal, à savoir le programme « Systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux » et le programme « Sorties régulières en plein air », sont très populaires. Grâce à ces programmes, il existe de nombreux produits labellisés, comme la coccinelle IP Suisse, qui vont plus loin que la norme légale en termes de bien-être animal. A cela s’ajoutent des labels plus étendus comme Bio Suisse, Demeter ou KAG Freiland, qui garantissent par exemple l’accès à un pâturage pour chaque espèce animale. C’est exactement ce que l’initiative sur l’élevage intensif demande entre autres. En outre, pour de nombreux aliments, la production labellisée dans l’agriculture est plus importante que la demande.
Les importations également touchées
Imposer un type d’offre déjà existante et dire aux consommateurs comment ils doivent faire leurs achats et ce qu’ils doivent manger est tout sauf libéral. Ancrer dans la Constitution les exigences de production d’un label de droit privé est aussi absurde. La clause sur les importations est un autre point faible de cette initiative. D’après celle-ci, même les produits d’origine animale importés devraient provenir d’élevages qui répondent au moins aux normes de Bio Suisse. Dans son message, le Conseil fédéral est arrivé à la conclusion que cette mise en œuvre ne serait pas compatible avec nos engagements commerciaux internationaux. Sans parler de la pratique : des contrôles très coûteux et difficilement réalisables.
Dans son contre-projet, le gouvernement avait donc renoncé à inclure les importations. Il est donc probable que les revendications de l’initiative ne soient finalement appliquées qu’à la production nationale. Du point de vue de la concurrence, ce serait un grand désavantage pour les exploitations agricoles suisses, car leurs produits deviendraient incomparablement plus chers. Le comportement de consommation et d’achat ainsi que la sensibilité aux prix de la population ne changeront pas automatiquement en cas de Oui à l’initiative sur l’élevage intensif. Plus d’aliments importés provenant d’élevages beaucoup plus mauvais et plus de tourisme d'achat en seraient probablement les conséquences. Personne n’y gagnerait – pas même les animaux.
Comme je suis contre un contrôle étatique de la production excluant toute réalité de marché, je glisserai avec conviction un Non à l’initiative sur l’élevage intensif dans l’urne. Nous pouvons tous continuer à promouvoir le bien-être animal de manière responsable par nos achats quotidiens.
Christa Markwalder, conseillère nationale BE