Le Conseil fédéral laisse trop de questions en suspens

Analyse critique de la stratégie de sortie de crise présentée par le Conseil fédéral

Hier, le Conseil fédéral a expliqué comment il entend assouplir, en trois étapes, les restrictions imposées par le coronavirus. Il est réjouissant, sur le principe, de constater que les premières réflexions sur une stratégie de sortie de crise ont été menées. Ainsi, nous saluons, notamment que les hôpitaux et les cabinets médicaux puissent à nouveau accueillir des patients non urgents à partir du 27 avril. Cela permettra de réduire les risques engendrés par le retard des traitements et les dommages qui pourraient en découler sur le long terme. Je me réjouis également que les écoles obligatoires puissent bientôt reprendre leurs activités.

Les commerces pouvant protéger leurs clients doivent rouvrir
Mais aujourd'hui, au lendemain des décisions communiquées, beaucoup d’éléments demeurent flous. Le Conseil fédéral n'a pas été en mesure d’assurer la sécurité de planification pour un grand nombre de branches concernées, comme la restauration, le tourisme, l’événementiel, ou encore les loisirs. De nombreux commerçants se demandent également pourquoi certaines marchandises devraient être à nouveau disponibles dans un grand centre de distribution, mais pas dans leur magasin spécialisé. La concurrence est ainsi faussée et les petits commerces sont laissés pour compte. Aujourd’hui, lors d'une séance extraordinaire en ligne, notre groupe a donc décidé de demander au Conseil fédéral de ne pas créer de distorsion de concurrence pour ces petits commerces. À partir du 27 avril, tous les magasins qui sont en mesure d’assurer la sécurité leurs clients et leurs employés, conformément aux règles d'hygiène, devraient pouvoir rouvrir.

Des tests représentatifs de l’ensemble de la population sont nécessaires
Hier, le Conseil fédéral n'a pas non plus évoqué la question des tests. Des tests réguliers et représentatifs de l'ensemble de la population doivent désormais être effectuées. Cela doit également inclure des tests sérologiques, dès qu’ils seront disponibles. C'est le seul moyen d'obtenir une vue claire et précise de la situation épidémiologique – et de sortir enfin de cette progression à l’aveugle. Une meilleure situation en matière de données permettrait également de développer les concepts de protection – urgemment nécessaires. Même après plus d'un mois de restrictions, on ne sait toujours pas exactement comment protéger les groupes à risque, ni les personnes les plus vulnérables.

Une stratégie plus claire pour le retour à la normalité
Mercredi, nous avons présenté nos revendications et notre stratégie. Il appartient maintenant au Conseil fédéral de présenter, à son tour, une sortie plus claire et de rendre la mise en balance des risques sanitaires et macroéconomiques plus compréhensible et moins discriminatoire.
Un autre point est fondamental à mes yeux : les lourdes conséquences à long terme de la crise causée par le coronavirus doivent être anticipées et le cap fixé dès à présent. Une récession peut difficilement être évitée ; la Suisse a besoin de mesures à long terme pour remettre l'économie sur pied. La stratégie d’avenir du PLR, présentée en août 2019, est désormais plus actuelle que jamais. Nous devons nous battre pour chaque emploi.

 

Petra Gössi