« Je ne connais que des majorités de femmes. »

Anne Hiltpold est la nouvelle conseillère d'État genevoise

Jusqu'à présent, Anne Hiltpold était membre de l'exécutif de la ville de Carouge, elle fait désormais partie du gouvernement cantonal genevois. À travers cette interview, elle évoque l’intensité de la campagne, explique pourquoi son tempérament calme est une force et évoque les mesures nécessaires pour lutter contre la pénurie de logements.

Anne Hiltpold a regagné le deuxième siège du PLR au Conseil d'État genevois.

Fin avril, vous avez été élue au Conseil d'État genevois devant trois candidats sortants. Comment expliquez-vous ce succès ?

Ce magnifique résultat est le fruit d'une campagne sur le terrain avec ma colistière, la conseillère d'État Nathalie Fontanet, qui a été brillamment réélue. Nous nous sommes très bien entendues, nous étions complémentaires, et nous avons surtout formulé des propositions concrètes qui parlaient aux gens, que ce soit en termes de pouvoir d’achat (baisse de la fiscalité) ou de propositions pour les parents, entres autres. J’ai aussi personnellement axé ma campagne sur les réseaux sociaux avec des courtes vidéos sur nos propositions ou sur nos événements de campagne, qui ont été beaucoup vues.

L'objectif déclaré du PLR Genève était de récupérer le deuxième siège au gouvernement. Avez-vous ressenti une pression particulière à ce sujet ?

Oui, j’ai ressenti cette pression, d’autant qu’il y avait de nombreux candidats et aucune alliance au premier tour. J’aurais été très déçue de ne pas être élue pour cette raison surtout.

De quoi vous réjouissez-vous le plus en tant que conseillère d'État ?

Je me réjouis du travail qui m’attend au sein du département qui m’a été confié, la Direction de l’instruction publique. Mais aussi de faire connaissance avec mes collaboratrices et collaborateurs et de faire avancer les projets sur lesquels nous avons formulé des propositions durant la campagne.

Le Conseil d'État genevois compte désormais une majorité de femmes, et le gouvernement de la ville de Carouge, dont vous faisiez partie, est même composé exclusivement de femmes. Ressentez-vous une différence comparativement aux organes à majorité masculine ?

Oui, je suis très fière de faire partie de cet exécutif à majorité féminine. Je ne peux pas vous dire si ça change ou non puisque j’ai toujours siégé dans un exécutif à majorité ou exclusivement féminin ! Mais je suis convaincue que nous fonctionnerons très bien. Et je suis ravie si je peux servir de modèle pour les femmes, mais également pour les jeunes hommes, qui ne doivent plus voir les femmes aux commandes comme une exception. J’avoue aussi que lorsque j’étais en réflexion sur ma candidature, j’ai participé à un événement organisé par le PLR Femmes Suisse et cela m’a incitée à me lancer.

Les médias vous ont parfois décrite comme calme et discrète. Devez-vous changer votre style afin de faire votre place au niveau cantonal ?

Je pense que le plus important est d’être soi-même. Je suis plutôt une femme de dossiers, et non de grandes déclarations, et je constate que ma personnalité discrète ne m’a pas empêchée d’être élue. Beaucoup de gens m’ont écrit pour me dire qu’ils avaient apprécié mon humilité, mon empathie, mon intégrité ou mon authenticité durant cette campagne. Je ne suis pas sûre que je doive changer de style en étant plus exposée. L’important est surtout d’avoir une vision claire, de savoir prendre des décisions et de les assumer.

La pénurie de logements est un sujet urgent dans de nombreuses villes, y compris à Genève. En tant que secrétaire générale adjointe et avocate conseil de la Chambre genevoise immobilière (CGI), vous connaissez bien le sujet. Quelles sont les mesures nécessaires pour atténuer la pénurie de logements ?

Oui, c’est un vrai problème à Genève. Nous devons accepter de construire et de densifier la ville. Il faut construire un peu plus haut si possible et ne pas gaspiller notre territoire, qui n’est pas extensible. Il faudrait aussi pouvoir surélever certains immeubles, ou encore prévoir des logements évolutifs pour les seniors, afin qu’ils puissent, s’ils le souhaitent, libérer des grands appartements qu’ils occupent, faute d’avoir trouvé un autre logement.

Les succès que vous et Nathalie Fontanet avez remportés montrent que les candidates PLR jouissent de la confiance de la population genevoise. Cela peut-il également être un avantage en vue des élections fédérales d'octobre ?

Oui, je le pense et je l’espère ! Avec la candidature de Simone de Montmollin au Conseil des États, ainsi qu’avec les 5 autres personnalités qui sont candidates au Conseil national, je pense que nous pouvons conserver la confiance de la population.

 

Interview : Marco Wölfli

Anne Hiltpold