Dans les prochaines années, les chiffres de l’AVS seront dans le rouge. Les raisons sont évidentes : nous vivons presque dix ans de plus qu’au moment de l’introduction de l’AVS et percevons donc une rente plus longtemps. Cela nécessite – très logiquement – plus de moyens financiers si l’on ne veut pas réduire les rentes. De plus, le rapport entre ceux qui cotisent à l’AVS – les personnes actives – et ceux qui perçoivent une rente ne cesse de se détériorer. En 1948, il y avait encore six actifs et demi pour un retraité, aujourd’hui ils ne sont plus qu’un peu plus de trois. La différence entre les recettes et les dépenses deviendra donc négative dès 2025. Et dès 2032, il y aura un trou de 18,5 milliards de francs dans le pot de l’AVS. En bref, si nous ne faisons rien, ce montant manquera pour payer les rentes.
AVS 21 apporte un équilibre jusqu’en 2030
Grâce à AVS 21, la réforme décidée par le Parlement avec une majorité allant de l’UDC au vert’libéraux, l’AVS peut être maintenue en équilibre au moins jusqu’en 2030. Elle prévoit des mesures aussi bien du côté du financement que de celui des prestations : l’augmentation de la TVA de 0,4 point de pourcentage et l’harmonisation par étapes de l’âge de la retraite des femmes et des hommes. De plus, le projet a ajouté la flexibilisation de la perception des rentes.
Cette solution est juste et équilibrée. Grâce au financement par la TVA, toutes les générations contribuent au renforcement de l’AVS, y compris les retraitées et retraités. On renonce ainsi à augmenter en plus les déductions salariales, ce qui est juste au vu de leur renchérissement croissant, mais aussi pour éviter un affaiblissement de notre place économique.
L’âge de la retraite est le même pour les hommes et les femmes
L’harmonisation de l’âge de la retraite des femmes et des hommes est également nécessaire et attendue depuis longtemps. Et ce, tant pour des raisons objectives que pour des raisons d’égalité. Les femmes vivent en moyenne quatre ans de plus que les hommes et perçoivent donc une rente plus longtemps. Dans l’AVS, il n’y a pas non plus de « gender pension gap », c’est-à-dire un écart de rente qui s’expliquerait par le sexe. Les rentes AVS des hommes et des femmes ne sont pas différentes grâce aux mesures introduites lors de la dixième révision de l’AVS en 1997. De plus, on ne peut pas d’un côté exiger des droits égaux pour les hommes et les femmes, mais d’un autre côté insister à maintenir des privilèges arriérés.
Une compensation équitable
Le Parlement a toutefois reconnu que l’augmentation de l’âge de la retraite pour les femmes qui sont aujourd’hui proches de l’âge de la retraite constitue une atteinte importante à leur organisation de vie personnelle. Il a donc adopté des mesures compensatoires pour une durée de neuf ans : Les femmes ayant des salaires très bas pourront même anticiper leur retraite dans des conditions identiques ou très privilégiées et continuer à prendre leur retraite à 64 ans. Si elles travaillent jusqu’à l’âge de 65 ans, elles recevront un supplément et donc une rente plus élevée. La solution est donc socialement équilibrée.
La dernière révision de l’AVS a eu lieu en 1997 et depuis, tous les projets de réforme ont échoué. Il est urgent que nous prenions nos responsabilités aujourd’hui et que nous ne renvoyions pas la résolution du problème à la prochaine génération. La réforme AVS 21 est équilibrée et permet d’atteindre les objectifs fixés. Je vote donc Oui avec conviction. D’ailleurs, deux fois oui : à l’augmentation de la TVA et aux adaptations nécessaires de la loi sur l’AVS.
Regine Sauter, conseillère nationale ZH