L'augmentation des primes est toujours une occasion bienvenue pour les partis de gauche d'avancer des chiffres fantaisistes sur la charge pesant sur les ménages : "le budget moyen des ménages est grevé de 14%", a-t-on par exemple entendu lors de la session d'été pour défendre un projet de politique de redistribution dans la santé. Dans les émissions de télévision, ce chiffre est volontiers revu à la hausse : n’entend-t-on pas que les primes représenteront bientôt le quart du budget des ménages ?
L'heure des contes de fées
Le fait est que ces affirmations sont tout simplement fausses. Le chiffre réel est de 6,7%, vérité qui paraît assez accessoire pour ceux qui prétendent défendre les masses. L'essentiel est que le message passe. Ceux qui préfèrent s'appuyer sur des statistiques plutôt que sur des slogans populistes sont rabroués avec un tour de passe-passe facile : l'image de la famille de quatre personnes qui doit consacrer chaque mois 20% de son revenu aux primes, invoquée par réflexe. Ils omettent sciemment d’évoquer les mesures adoptées ces dernières années pour réduire les primes des jeunes adultes, et les généreux subsides pour les familles. Résultat : selon l'OFSP, 39% des enfants et 41% des jeunes adultes ont bénéficié en 2020 de réductions de primes couvrant respectivement 80% et 69% de la prime.
Or, avec l’initiative du PS, l’immense majorité des ménages qui n’atteint pas la barre fatidique des 10% ne touchera pas un centime de plus. Cette majorité ne verra pas sa prime réduite d’un franc. Mais elle paiera davantage d’impôts pour financier la nouvelle machine administrative destinée à redistribuer un peu plus le produit du travail des citoyens, dont le coût est estimé à 5,5 milliards de francs.
Ce qui est choquant
Le système actuel de réduction des primes est efficace. Il est également juste que le Parlement procède à des ajustements et veuille responsabiliser davantage les cantons qui ont failli à leurs obligations.
Il est particulièrement choquant que le PS ne propose pas de prendre des mesures au sein du système de santé pour réduire les coûts et donc les primes. Il est incompréhensible que les partis de gauche ne semblent pas vouloir donner à la majorité des citoyens qui ne bénéficient pas de réductions de primes, la possibilité de réaliser des économies en renonçant à un catalogue de prestations surdimensionné (obligation de recourir aux génériques, renonciation à l'homéopathie, limitation du libre choix du médecin, etc.)
Le PLR continuera à s'engager en faveur de la classe moyenne.
Philippe Nantermod, vice-président et conseiller national (VS)